La raison d’être permet de poser une question essentielle aujourd’hui : quel est le rôle de l’entreprise dans la société ? Pourquoi existe-t-elle ? Elle nous incite à réfléchir à la finalité d’une entreprise, son utilité, mais aussi son impact. Découvrez ce que recouvre le concept de raison d’être et quel est son intérêt pour l’entreprise et ses collaborateurs.
La raison d’être est un projet d’entreprise qui répond à une mission d’intérêt général prenant en compte une dimension environnementale et sociétale. Cette notion, relativement récente, s’inscrit dans l’article 1835 du code civil, modifié en mai 2019 dans le cadre de la loi PACTE. Le code civil, qui n’avait connu aucune modification depuis 1804, reconnaît désormais aux entreprises la possibilité de se doter d’une raison d’être dans ses statuts. Si toutes les entreprises ont l’obligation d’avoir une raison sociale, la raison d’être, elle, est optionnelle. Le but lucratif de l’entreprise ne s’efface pas, mais il s’accompagne d’une ambition plus altruiste.
✅ Donner du sens aux actions : la raison d’être dénote la volonté de l’entreprise de s’engager et de mobiliser autour de son projet.
✅ Prendre les bonnes décisions : la raison d’être doit permettre à l’entreprise d’indiquer le cap stratégique à suivre et de définir les objectifs à poursuivre.
✅ Communiquer efficacement : en s’exprimant sur sa raison d’être, l’entreprise fédère ses collaborateurs et ses clients autour de valeurs et d’intérêts communs.
La raison d’être répond à une attente forte des Français qui, pour 51 % d’entre eux, considèrent qu’une entreprise doit être utile à la société (1). Pour autant, 69 % pensent que lorsqu’une entreprise formule sa raison d’être, c’est avant tout une opération de communication (2). Quand on est employeur, définir sa raison d’être, c’est affirmer son action, positionner son organisation et s’engager vis-à-vis de la société. C’est une promesse forte qui doit aller bien au-delà des mots et de l’image que l’on souhaite véhiculer. Lorsque l’intention est sincère, l’entreprise récolte les graines qu’elle a semées : elle se démarque de la concurrence et attire des collaborateurs et des clients qui portent les mêmes valeurs.
S’il n’existe pas de mode d’emploi, voici tout de même quelques conseils qui aideront les entreprises à mener une réflexion sur leur raison d’être.
La raison d’être nécessite une réflexion profonde sur le pourquoi de l’existence de l’entreprise : quelles sont ses valeurs ? Quelles sont ses véritables motivations ? Quels moyens met-elle en œuvre pour y arriver ? Que veut-elle transmettre ? Quels problèmes veut-elle résoudre ? Comment entend-elle y parvenir ? Définir sa raison d’être est une démarche introspective qui nécessite d’y consacrer du temps.
2. Formuler une aspiration authentique et sincère
La raison d’être doit représenter un engagement réel et concret. L’entreprise doit être particulièrement vigilante et ne pas l’instrumentaliser à des fins de communication. Le retour de bâton risquerait d’être brutal. Des salariés et des clients déçus par de fausses promesses, et c’est toute la crédibilité de l’entreprise qui peut être remise en cause.
3. Co-construire sa raison d’être
La raison d’être est une vision de l’entreprise sur le long terme. Il convient d’intégrer tous les acteurs, ceux qui ont fait l’entreprise jusqu’à présent et qui la feront demain. La contribution des collaborateurs et, pourquoi pas, des clients et partenaires dans le process demandera un peu plus de temps et de coordination, mais ne fera que les impliquer davantage, facilitant leur appropriation et leur adhésion au projet.
5. Mettre la raison d’être au cœur de sa stratégie
La raison d’être doit être le moteur de la stratégie et des objectifs que l’entreprise se fixe. Ses ressources et son savoir-faire lui permettront d’avancer vers son idéal et d’honorer ses engagements. À partir de la vision de l’avenir du groupe et plus largement du domaine d’activité, il convient de réfléchir précisément à la contribution de l’entreprise au secteur, en tenant compte des transformations et des enjeux de la société.
Depuis 2019, date à laquelle la raison d’être a fait son entrée dans le code civil, plusieurs entreprises s’en sont dotées. Voici quelques exemples de raisons d’être de grandes entreprises françaises :
Maif : « Convaincus que seule une attention sincère portée à l’autre et au monde permet de garantir un réel mieux commun, nous, MAIF, plaçons cette attention au cœur de chacun de nos engagements et de chacune de nos actions. »
Carrefour : « Notre mission est de proposer à nos clients des services, des produits et une alimentation de qualité et accessibles à tous à travers l’ensemble des canaux de distribution. Grâce à la compétence de nos collaborateurs, à une démarche responsable et pluriculturelle, à notre ancrage dans les territoires et à notre capacité d’adaptation aux modes de production et de consommation, nous avons pour ambition d’être leader de la transition alimentaire pour tous. »
Veolia : « La raison d’être de Veolia est de contribuer au progrès humain, en s’inscrivant résolument dans les Objectifs de Développement Durable définis par l’ONU, afin de parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous. C’est dans cette perspective que Veolia se donne pour mission de “Ressourcer le monde”, en exerçant son métier de services à l’environnement. »
EDF : « Construire un avenir énergétique neutre en CO₂, conciliant préservation de la planète, bien-être et développement, grâce à l’électricité et à des solutions et services innovants. »
SNCF : « Apporter à chacun la liberté de se déplacer facilement en préservant la planète. »
Orange : « Orange est l’acteur de confiance qui donne à chacune et à chacun les clés d’un monde numérique responsable. »
Michelin : « Offrir à chacun une meilleure façon d’avancer. »
Pour mobiliser les collaborateurs autour de la raison d’être de l’entreprise, les managers jouent un rôle essentiel. Ils contribuent à la réflexion stratégique et à sa mise en œuvre. En renversant le modèle traditionnel de la stratégie, la raison d’être incite les dirigeants et les managers à réfléchir au rôle qu’ils souhaitent donner à leur organisme dans la société. De plus en plus d’entreprises font le choix de se doter d’une raison d’être et font appel à des managers de transition pour conduire ces projets d’ampleurs. On parle de mission de management de transition à impact, car on tient compte des conséquences de l’activité de l’entreprise sur l’ensemble de son environnement. Dans ce genre de mission, le manager de transition incarne et véhicule la raison d’être de l’entreprise pour l’accompagner dans sa traversée entre aujourd’hui et demain.
Demande d'information