La dimension émotionnelle et affective des individus est-elle soluble dans le management ? « Oui ! » nous répondent les initiateurs de l’intelligence émotionnelle ! En accordant une place à l’émotion dans un monde du travail où seules la rationalité et la réserve ont habituellement droit de cité, cette approche née dans les années 1990 est devenue la nouvelle aptitude indispensable du manager soucieux d’instaurer la confiance et de motiver ses équipes. En quoi consiste-t-elle et que peut-elle apporter à l’entreprise ? Comment bien manager avec son intelligence émotionnelle ? Managers en Mission vous donne quelques clés pour y parvenir !
Développé et popularisé par le psychologue américain Daniel Goleman en 1995 sur la base de travaux initialement menés par ses confrères Peter Salovey et John Mayer, le concept d’intelligence émotionnelle a permis de réhabiliter le rôle fondamental de l’émotion dans les interactions sociales et plus spécifiquement au sein de l’entreprise.
Partant du constat qu’un être humain ne peut changer ni contrôler ce dont il n’a pas conscience, l’intelligence émotionnelle nous invite à une investigation en profondeur des mécanismes qui sous-tendent nos réactions au quotidien. Et, par extension, celles des autres.
Si l’on s’appuie sur le modèle développé par Daniel Goleman, l’intelligence émotionnelle recouvre 5 dimensions complémentaires, elles-mêmes articulées autour de 25 compétences différentes : la conscience de soi, la maîtrise de soi, la motivation interne, l’empathie et les aptitudes sociales.
Pendant très longtemps, le monde de l’entreprise a exigé de ses salariés et de ses managers une objectivité, une neutralité et une rationalité à toute épreuve. En d’autres termes : prière de laisser vos émotions à l’extérieur du bureau !
Le problème, c’est qu’à l’image des pensées, un être humain est traversé par diverses émotions au fur et à mesure de la journée. Les ignorer ou les refouler profondément en soi, c’est prendre le risque de leur donner encore plus de force ou de développer divers troubles physiques et mentaux, comme ont pu le démontrer de nombreuses études scientifiques.
Combien de collaborateurs incapables ou empêchés d’exprimer leurs émotions finissent par se désengager totalement de leur travail, sont sujets à des réactions disproportionnées ou sont frappés par un burn-out ? Grâce à l’intelligence émotionnelle, l’émotion juste et harmonisée trouve enfin sa place dans l’entreprise !
Concrètement, l’intelligence émotionnelle fournit au manager des outils pour :
– Reconnaître et nommer ses émotions
– En comprendre la cause et en identifier les conséquences
– Les maîtriser et les réguler
– S’adapter à toutes les situations
– Communiquer sur des bases saines
« Soft skill » par excellence, au même titre que la créativité, l’agilité ou la négociation, l’intelligence émotionnelle n’est pas une simple compétence destinée à noircir une ligne de plus dans le CV du manager.
Pour Goleman, le succès d’un projet professionnel aurait d’ailleurs bien plus à voir avec les compétences émotionnelles des personnes impliquées qu’avec leur quotient intellectuel (QI) ou leurs diplômes : « dans le meilleur des cas, le quotient intellectuel semble seulement apporter 20 % des facteurs déterminants pour une réussite. » Cependant, loin d’être un talent inné, l’intelligence émotionnelle nécessite une phase d’apprentissage et un perfectionnement continuel.
Permettant de gagner en bienveillance envers soi-même, d’agir et parler avec davantage d’humilité, de comprendre les émotions des autres et de faire preuve de plus d’empathie, l’intelligence émotionnelle est en mesure de modifier en profondeur la perception du manager à l’égard de son activité. Par extension, elle peut devenir un véritable levier de performance pour l’entreprise tout entière.
Pour Salovey et Mayer, l’intelligence émotionnelle est définie comme une « habileté à percevoir et à exprimer les émotions, à les intégrer pour faciliter la pensée, à comprendre et à raisonner avec les émotions, ainsi qu’à réguler les émotions chez soi comme chez les autres ». Autrement dit, loin de se cantonner à un petit manuel de gestion des émotions à destination du manager, cet ensemble de compétences émotionnelles peut profiter à l’ensemble de l’entreprise.
Selon le modèle proposé par le psychologue Claude Steiner et l’écrivain Paul Perry, le développement de la conscience émotionnelle se compose de sept niveaux différents, qui représentent autant d’étapes successives à franchir. Ce processus que l’on pourrait qualifier d’initiatique part du premier niveau, celui de « l’engourdissement », qui se caractérise par une absence totale de conscience des émotions et des sensations physiques, et se termine par le niveau « interactivité », où les émotions sont pleinement identifiées, acceptées et comprises, dans toute leur subtilité, chez soi comme chez les autres.
Par conséquent, tant qu’il n’a pas atteint un certain stade de maturité émotionnelle, ce qui requiert une vraie implication et beaucoup de discernement, le manager est dans l’incapacité de percevoir pleinement les émotions chez ses interlocuteurs et de composer avec elles. Heureusement, le manager ayant le désir de développer son intelligence émotionnelle afin d’en faire profiter ses collaborateurs peut s’appuyer sur des ouvrages spécialisés ou suivre un programme de formation.
De nos jours, l’émotion n’est plus un sujet tabou dans le milieu professionnel. D’ailleurs, la plupart des organisations qui connaissent le succès et celles qui parviennent à retenir leurs talents sont dirigées par des personnes qui ont pris la peine de développer leurs capacités émotionnelles et d’incarner des valeurs aussi positives que contagieuses : écoute, enthousiasme, bienveillance, empathie, communication non violente, remise en question… Une affectivité heureusement compatible avec la fermeté et l’objectivité nécessaires à la réussite de tout projet !
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